Lorsque l’on étudie la littérature, pour la dissertation du bac de français, ou dans le cadre d’études de lettres, il est important de réfléchir à sa définition. Dans cet article, je vais vous expliquer l’histoire du mot et vous donner les clés pour définir la littérature en son sens moderne.

D’abord, un peu d’histoire :

Le mot « littérature » est un mot complexe, dont le sens a changé au fil des époques pour aboutir au mot polysémique et sujet à débats que nous connaissons. 

Origines du mot :

En latin, littera, litterae permettait de désigner les textes produits et conservés grâce à l’écrit. Ensuite, ce sens de « ensemble des textes » s’est maintenu jusqu’au XVIIe siècle. On le retrouve parfois appliqué à certains secteurs spécifiques, comme lorsque l’on parle de « la littérature juridique » ou de « la littérature sur tel sujet ». 

Ce qui se rapprochait le plus alors de ce que l’on appelle maintenant « littérature », c’est la notion de « Lettres ». Elle était divisée en « Lettres saintes » pour les textes religieux, « Lettres savantes » pour les textes scientifiques et « Belles-Lettres » pour les textes littéraires.

Le classement des textes était différent de celui que nous connaissons aujourd’hui ; aussi, l’Histoire faisait-elle partie des « Belles-Lettres » au même titre que la poésie et l’éloquence. Le roman n’existait pas encore en tant que genre et oscillait entre poésie et histoire dans les premiers classements.

Évolution du sens :

Au XVIIIe siècle, après 1750, le mot commence à prendre son acception moderne. On peut le voir avec le titre de certaines publications de cette époque, par exemple : De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions, Mme de Staël, 1800. Ici, « littérature » est à entendre en son sens moderne.

Pour bien percevoir cette évolution, il est intéressant de comparer les définitions de dictionnaires anciens. Le dictionnaire de l’académie française propose sur son site de constater l’évolution d’une définition au fil de ses éditions. Regardez ici la différence entre la 1ère édition de 1694 et la 5e édition.

Enfin, c’est au XIXe siècle que la littérature affirme pleinement son sens actuel. Notamment grâce aux nombreuses réflexions et théories sur l’art et sur le roman qui se développent sous l’influence des réalistes et naturalistes.

Au XXe siècle, des auteurs comme Michel Butor ou encore Nathalie Saraute mettent en cause la littérature, en particulier ses aspects “narratifs” et “engagés”. C’est ici que nait le « nouveau roman ».

Comment définir la littérature ?

Mais alors, la littérature, c’est quoi ?

Cette question ne cesse de faire débat et d’alimenter théories et critiques. Le dictionnaire « Le Robert » la définit comme suit : « Les œuvres écrites, dans la mesure où elles portent la marque de préoccupations esthétiques ; connaissances, activités qui s’y rapportent. » 

Pour en donner une première ébauche de définition qu’il conviendra de nuancer, on peut donc dire que : la littérature rassemble l’ensemble des productions écrites qui prêtent une attention particulière à leurs qualités esthétiques.

Ainsi, un mode d’emploi est bien une production écrite, mais il ne revendique aucune prétention esthétique, donc ce n’est pas de la littérature.

Pistes d’approfondissement :

Cependant, il est un peu plus complexe de vraiment définir la littérature. Certains la lient directement à la perception qu’en a la société.

Par exemple : personne ne reconnait un mode d’emploi comme étant de la littérature, donc un mode d’emploi n’est pas littéraire. Cependant, si suffisamment de critiques et/ou professeur considéraient ce mode d’emploi comme littéraire, il pourrait prétendre au titre de texte littéraire.

Ainsi, le célèbre critique Roland Barthes affirme-t-il que : « la littérature, c’est ce qui s’enseigne sous ce nom ». On comprend bien ici que le temps, l’enseignement et les institutions jouent un rôle décisif pour qu’un ouvrage puisse prétendre à l’étiquette de « littérature ».

Quelles sont les caractéristiques d’un texte littéraire ?

Pour essayer de définir la littérature de manière plus précise, on peut donc utiliser plusieurs critères : 

  1. La littérature a une composante sociale nécessaire. En effet, un texte doit être lu par d’autres personnes que son auteur pour pouvoir être considéré comme littéraire.
  2. La littérature varie nécessairement selon les époques, en fonction des moyens techniques, des goûts et des modes. En effet, la littérature n’est pas la même avant et après l’invention de l’imprimerie, de même que le goût du public change quand le peuple apprend à lire.
  3. La littérature se construit par l’intermédiaire des débats sur sa définition et sur l’art en général. En effet, les auteurs la font évoluer pour s’approcher au maximum de la définition qu’ils en ont. Cela explique en partie l’apparition régulière de nouveaux genres littéraires.
  4. La littérature implique un travail de la forme. En effet, une œuvre littéraire peut avoir une visée argumentative ou informative, mais elle accompagne toujours cette visée par une attention particulière au style et à la forme.
  5. La littérature s’adresse à tous, à toutes les époques. Ce caractère aléatoire lui confère une universalité qui lui est propre. Même si l’auteur écrit plutôt pour les personnes qui vivent à son époque, il est souvent lu longtemps après sa mort.

Conclusion :

La littérature est un terme vivant et par conséquent difficile à définir. Sa définition a varié à travers les siècles : la littérature a d’abord désigné l’ensemble des textes écrits, puis s’est restreinte au sens de textes ayant une visée esthétique.

Mais sa définition fait encore débat et n’est pas fixée. On peut cependant retenir que la littérature désigne un texte qui cherche à remporter l’adhésion du lecteur (qu’il ressente ce que l’auteur veut faire ressentir, ou qu’il rejoigne sa thèse, ou qu’il apprenne ce qu’il veut lui apprendre) en portant une attention toute particulière au style et à la forme.

Article similaire : Comment analyser un texte en français ?

Quelques citations à méditer :

“La littérature ne change ni l’homme ni la société. Pour autant, l’absence de littérature rendrait l’homme encore plus infréquentable.” Tahar Ben Jelloun

“Ce sont les critiques qui font la littérature.” Jacques Chardonne

“En littérature, le plus sûr moyen d’avoir raison, c’est d’être mort.” Victor Hugo

“La littérature ne permet pas de marcher, mais elle permet de respirer.” Roland Barthes

“La littérature est parfaitement inutile : sa seule utilité est qu’elle aide à vivre.” Claude Roy

Sources : Le dictionnaire du littéraire, Paul Aron, Denis Saint-Jacques, Alain Viala ; Site Magister ; Site Wikipedia

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