Bienvenue dans cette analyse linéaire du poème « Roman » d’Arthur Rimbaud.

C’est une analyse qui m’a été demandée par une lectrice, si vous avez des suggestions de contenu que vous aimeriez voir traité, n’hésitez pas à m’en faire part !

Dans cet assez long poème en huit quatrains, Rimbaud se plait à détourner ironiquement les codes du lyrisme et du roman traditionnel pour proposer sa nouvelle vision poétique.

Dans cet article, je vous offre une analyse linéaire complète et détaillée du poème pour vous aider à bien vous préparer pour l’oral.

L’analyse présentée ici propose un cadre que vous pouvez suivre et reproduire lors de l’épreuve anticipée de français. Vous pouvez bien entendu modifier la problématique, ou certaines analyses à votre convenance.

Avant de commencer à lire cette analyse, n’hésitez pas à vous reporter à mon article “comment analyser un texte en français”, à ma “méthode de l’explication linéaire” ainsi qu’à mon article sur le vocabulaire de la poésie pour mieux comprendre ma démarche.

Introduction de l’analyse linéaire du poème « Roman » des Cahiers de Douai d’Arthur Rimbaud

Roman Arthur Rimbaud analyse linéaire

Phrase d’accroche

Quand Arthur Rimbaud fugue à 17 ans, il rêve de poésie et de liberté. Mais il ère encore un peu. Admirant ceux qui l’ont précédé, comme Baudelaire, il souhaite tout de même souffler un vent nouveau sur la poésie. 

Cette dualité entre tradition et modernité est prégnante dans le poème “roman” qui s’inspire du lyrisme amoureux traditionnel tout en essayant de secouer ses codes.

Présentation de l’auteur

Arthur Rimbaud rêve de liberté, pas de carcans et de compromission : il veut renouveler la poésie et le langage. Cela, il ne peut pas le faire à Charleville.

Aussi, l’histoire d’Arthur Rimbaud devient-elle celle d’une fulgurance, d’un cri de révolte, et d’une fuite constante. 

Enfant sage, bon élève, il brille principalement dans les disciplines littéraires. C’est sa rencontre avec le professeur Georges Izambard qui va le pousser à s’intéresser à la littérature en tant qu’artiste.

Commence une quête de liberté pour le jeune Rimbaud. Quête qui s’exprime par des fugues répétées, et par une volonté de révolutionner le langage poétique

Finalement, après des années chaotiques passées aux côtés de Paul Verlaine, à écrire et à vivre follement, Arthur Rimbaud décide d’arrêter définitivement la poésie

L’auteur des Illuminations choisit de voyager et de vivre du commerce – et même du trafic d’armes – avant de mourir, quelques années plus tard, d’une tumeur au genou. 

Biographie complète d’Arthur Rimbaud ici.

Présentation de l’œuvre

Le poème « Roman » se trouve dans la première partie du premier recueil d’Arthur Rimbaud : Cahier de douai. Ce recueil dont Rimbaud écrit les poèmes à l’occasion de ses fugues en 1870 ne sera publié qu’après sa mort, en 1919.

En effet Rimbaud avait demandé à ce que les feuillets soient détruits.

Présentation du poème

Dans “Roman”, Arthur Rimbaud s’amuse à parodier la forme romanesque en plusieurs chapitres ou parties pour moquer le lyrisme amoureux traditionnel.

Il puise probablement pour cela dans l’autobiographie puisque l’âge évoqué dans le premier vers est celui qu’il a lors de la fugue où il écrit le poème.

Cette scène de fête et de séduction simple représente très bien son idéal de liberté et de révolte contre la bonne bourgeoisie.

Problématique

Pour guider notre analyse linéaire du poème “Roman”, nous nous demanderons comment Rimbaud se joue ironiquement des codes du lyrisme traditionnel afin de l’amener vers la modernité poétique.

Plan

Pour mener cette analyse linéaire du poème « Roman » d’Arthur Rimbaud, nous suivrons les mouvements du texte déjà découpé en 4 parties. 

La première partie situe l’action dans un cadre bucolique, la seconde partie introduit le désir, la troisième partie poursuit le jeu amoureux et la dernière clôt la fulgurante aventure

Poème « Roman » : Texte pour l’analyse linéaire

Roman Arthur Rimbaud Analyse Linéaire

Roman

I

On n’est pas sérieux, quand on a dix-sept ans.

– Un beau soir, foin des bocks et de la limonade,

Des cafés tapageurs aux lustres éclatants !

– On va sous les tilleuls verts de la promenade.

Les tilleuls sentent bon dans les bons soirs de juin !

L’air est parfois si doux, qu’on ferme la paupière ;

Le vent chargé de bruits – la ville n’est pas loin –

A des parfums de vigne et des parfums de bière….

II

– Voilà qu’on aperçoit un tout petit chiffon

D’azur sombre, encadré d’une petite branche,

Piqué d’une mauvaise étoile, qui se fond

Avec de doux frissons, petite et toute blanche…

Nuit de juin ! Dix-sept ans ! – On se laisse griser.

La sève est du champagne et vous monte à la tête…

On divague ; on se sent aux lèvres un baiser

Qui palpite là, comme une petite bête….

III

Le coeur fou robinsonne à travers les romans,

Lorsque, dans la clarté d’un pâle réverbère,

Passe une demoiselle aux petits airs charmants,

Sous l’ombre du faux col effrayant de son père…

Et, comme elle vous trouve immensément naïf,

Tout en faisant trotter ses petites bottines,

Elle se tourne, alerte et d’un mouvement vif….

– Sur vos lèvres alors meurent les cavatines…

IV

Vous êtes amoureux. Loué jusqu’au mois d’août.

Vous êtes amoureux. – Vos sonnets La font rire.

Tous vos amis s’en vont, vous êtes mauvais goût.

– Puis l’adorée, un soir, a daigné vous écrire…!

– Ce soir-là,… – vous rentrez aux cafés éclatants,

Vous demandez des bocks ou de la limonade..

– On n’est pas sérieux, quand on a dix-sept ans

Et qu’on a des tilleuls verts sur la promenade

« Roman » d’Arthur Rimbaud : Analyse linéaire

Roman analyse linéaire : Un cadre bucolique 

Strophe 1

Le poète s’ouvre sur un vers très connu grâce à sa diérèse caractéristique. L’accent central sur « sé-ri-eux » annonce immédiatement la légèreté du poète. 

En effet, on peut imaginer la moquerie du jeune Rimbaud vis-à-vis des paroles autoritaires l’adjoignant à plus de sérieux. Comme un enfant imiterait en caricaturant son père qui le gronde. 

En dehors de cette fameuse diérèse, ce premier vers s’oppose déjà à la tradition du lyrisme de première personne : le poème s’ouvre par le pronom indéfini « on » qui annonce l’universalité du poème. 

Cette universalité est confirmée par la reprise du pronom juste après dans le complément circonstanciel « quand on a 17 ans ». Le poète cherche à écrire pour la jeunesse afin de légitimer sa quête de liberté.

Ajoutons à cela le fait que le présent est utilisé pour sa valeur de vérité générale, et on comprend que Rimbaud se veut plus réaliste que lyrique dans ce début de poème. Pourtant, il va bien emprunter un par un tous les codes lyriques.

Le second vers annonce le rejet des lieux d’amusements caractéristiques de la bourgeoisie. C’est le sens de l’interjection rare « foin des bocks et de la limonade » 

Ce rejet s’exprime jusqu’à la versification. On remarque par exemple le rejet du complément du nom « Des cafés tapageurs aux lustres éclatants » au vers suivant. 

On peut lire dans ce procédé d’enjambement à la fois la confirmation du rejet de tous les codes bourgeois par Rimbaud, mais aussi la volonté de secouer la fixité des formes poétiques traditionnelles. 

Rimbaud conserve le quatrain et l’alexandrin. Pour autant, on ne peut pas dire qu’ils soient traditionnels. En témoignent l’adjonction de tirets comme au début du deuxième vers ou du quatrième vers, voire plus tard, en milieu de vers, les nombreux enjambements, mais aussi comme nous l’avons vu, la diérèse initiale.

Revenant au cadre du poème, Rimbaud installe donc une agréable atmosphère bucolique : « un beau soir » ; « sous les tilleuls verts de la promenade ».

On constate que les adjectifs contribuent à montrer l’attrait du poète pour ces éléments naturels (adjectifs « beau » et « verts »).

De plus, ce dernier vers ne contient pas la césure traditionnelle de l’alexandrin, ni le découpage en 4 x 3 syllabes. Rimbaud semble proposer une version neuve, plus naturelle de cette métrique célèbre.

Cependant, il rejette le conformisme bourgeois, qui s’éloigne de la beauté naturelle pour un luxe artificiel, par l’exclamation « des cafés tapageurs aux lustres éclatants ».

Strophe 2

Dans le premier vers de la deuxième strophe, le poète renouvelle le confort du cadre bucolique. On note la répétition de l’adjectif « bon », répétition suivie d’un point d’exclamation qui connote la spontanéité du poète.

Le poète se laisse pénétrer par les sensations naturelles. On remarque un effet de synesthésie par la mobilisation de plusieurs sens : la vue des « tilleuls vert », l’odorat car ils « sentent bon », le toucher par l’emploi de l’adjectif « doux » et enfin l’ouïe par les « bruits » transportés par le vent.

Toutefois, le poète n’oublie pas la ville. Il la mentionne alors qu’il « ferme la paupière » : « la ville n’est pas loin ». Ce n’est pas une présence menaçante, mais plutôt rassurante. La jeunesse a besoin des deux.

D’ailleurs cette hésitation entre la ville et la campagne est représentée par une opposition sémantique dans le dernier vers entre les « parfums de vigne » (nature) et les « parfums de bière » (ville).

Ainsi, dans ce premier mouvement, Rimbaud dresse un cadre lyrique somme toute assez traditionnel, dans la nature, mais déjà avec un jeu sur la forme poétique qui annonce un refus du conformisme.

Roman analyse linéaire : Arrivée du désir

Strophe 3

Après avoir permis au lecteur de ressentir le cadre bucolique, le poète veut maintenant montrer, dépeindre. 

On constate un procédé d’hypotypose, une description très précise qui donne l’impression au lecteur de voir de ses propres yeux ce qui est décrit.

D’abord, le présentatif « voilà que » introduit la description du tableau, ensuite, les participes passés et les couleurs confirment cet univers pictural : « encadré » ; « piqué » ; « azur sombre » ; « blanche ».

Au centre de ce tableau : une jeune fille, dont la candeur est accentuée par la répétition et la déclinaison de l’adjectif “petit” dans la strophe : « un tout petit chiffon » ; « une petite branche » ; « petite et toute blanche ».

On sent que le poète considère d’abord cette vision comme précieuse et fragile, qu’il ne souhaite pas la brusquer grossièrement. 

D’ailleurs, il ne nomme pas directement la femme, mais mentionne d’abord la nature qui se transforme à son contact : le ciel est « un tout petit chiffon d’azur sombre », mais le chiffon ne pourrait-il pas être également le tissu de la robe de la jeune fille ? 

Toujours sans nommer la jeune fille, Rimbaud fait sentir au lecteur le plaisir de sa vision à l’aide d’une assonance en -on : « chiffon » ; « fond » ; « sombre » et « frisson ».

Ainsi, la vision amoureuse lyrique est remplacée d’abord par une impression diffuse de plaisir et d’harmonie avec la nature. 

Notons l’enjambement avec le rejet du complément du nom « d’Azur sombre », terme épique se rapprochant de la poésie traditionnelle. 

Le rejet est donc significatif puisque lui est préféré le nom prosaïque « chiffon ». Rimbaud préfère la spontanéité de la jeunesse à l’exagération lyrique traditionnelle.

Strophe 4

Au début de cette strophe, le poète se laisse envahir par le plaisir qu’il ressent à contempler secrètement une jeune femme, en témoignent les deux exclamations nominales : « Nuit de juin ! Dix-sept ans ! ».

La forme passive de la phrase qui suit « on se laisse griser » vise à rappeler au lecteur le plaisir de se laisse porter par ses sensations plutôt que d’agir selon des codes conformistes. 

Toujours dans l’idée de proposer au lecteur une expérience universelle et naturelle, Rimbaud emploie la métaphore de l’ivresse : « La sève est du champagne et vous monte à la tête ». 

C’est à la fois un moyen d’opposer le bonheur naturel (la sève) et le bonheur artificiel (le champagne), et un moyen de suggérer une certaine tension sexuelle, le désir ardent du jeune poète représenté par la sève qui monte.

D’ailleurs, les points de suspension à la fin de ce vers et du quatrième vers peuvent suggérer l’abandon, donc l’idée que les sensations prennent le dessus sur les mots. 

La sensualité se fait plus assumée dès l’arrivée du terme « un baiser ». La proposition subordonnée relative en position de rejet au vers suivant « qui palpite là » suggère le battement anarchique d’un cœur entraîné par le désir. 

Enfin, la comparaison finale avec la “petite bête” offre au lecteur l’image d’un désir animal, mais surtout entêtant, impossible à faire partir, comme un insecte insaisissable qui revient sans cesse.

Ainsi, dans cette strophe, le poète installe de manière diffuse le désir. On comprend qu’il contemple non plus seulement la nature, mais également une femme et qu’il se laisse envahir par un flot varié de sensations.

Pourtant, même si la structure reste lyrique avec le cadre bucolique et le désir, le poète se plait à faire attendre le personnage féminin, à ne pas nommer directement le sentiment amoureux, et à refuser le « je ».

Roman analyse linéaire : Jeu de séduction

Strophe 5

La cinquième strophe s’ouvre sur une ode à la liberté, une ode à l’amour, à la passion et à la littérature. 

D’abord, le « cœur fou » représente le coup de foudre. Le verbe inventé par néologisme à partir du personnage de Robinson Crusoé « robinsonne » évoque la liberté et l’aventure, et les « romans » placent la littérature comme un espace de liberté.

Notons que le poète refuse toujours la première personne. Il ne dit pas « Mon cœur fou », mais « Le cœur fou », donc il continue de décrire une expérience universelle. 

Au deuxième vers, le tiret annonce un événement important. Le poète va sortir de la transe sensationnelle qu’il décrit à la vision d’une « demoiselle aux petits airs charmants ». 

On remarque l’hypallage « à la clarté d’un pâle réverbère » : est-ce la lumière du réverbère qui est pâle, ou bien plutôt le teint de la jeune femme ?

Toujours, Rimbaud refuse de tomber dans l’exagération caractéristique du lyrisme traditionnel. À la place, il utilise des adjectifs simples et courants pour décrire la beauté naturelle de la femme : « petits » ; « charmants ».

Pourtant, la voie n’est pas complètement libre pour le jeune homme car la demoiselle apparaît « sous l’ombre du faux col effrayant de son père ». 

Ce complément circonstanciel de lieu moque avec ironie le père qui surveille sa fille. Il porte un « faux col », il s’agit donc d’un bourgeois très soucieux des apparences, ce qui, pour Rimbaud, est ridicule. 

D’ailleurs, on retrouve une hypallage sur l’adjectif « effrayant ». On ne sait plus vraiment si c’est le ridicule du col qui fait peur au poète, ou bien le père qui l’empêche de séduire sa fille.

Le poète critique vivement la bourgeoisie puisqu’il s’apprête à séduire, donc « détourner » une jeune fille bien comme il faut sous l’œil de son père. Il se montre ici comme un jeune rebelle qui séduit les filles sages.

Strophe 6

Cette strophe suggère subitement un rapprochement entre le poète et la demoiselle. Cependant, l’utilisation de la deuxième personne implique le lecteur dans la scène et en fait un complice : « comme elle vous trouve »

La jeune femme semble se précipiter vers le poète, comme le suggère l’allitération en -t : « En faisant trotter ses petites bottines » qui joue sur le son des pas vifs de la demoiselle. 

On remarque aussi l’adjectif “vif” qui indique une action rapide, presque dissimulée, comme un baiser volé.

Enfin, l’adjectif « alerte » laisse penser que la jeune femme n’est pas si innocente que ne le pense son père, elle court bien vite dans les bras du poète qu’elle trouve « immensément naïf ». Ainsi, elle ne le serait pas ?

Soudainement, la suite de l’action est interrompue par les points de suspension. Le poète suggère plus qu’il ne montre. Chacun est libre d’écrire la suite selon son expérience personnelle.

Le dernier vers de cette strophe « – Sur vos lèvres alors meurent les cavatines » fait référence à des petits airs d’opéra lyriques, probablement moqués par le poète. 

Ainsi, le lyrisme se meurt sur les lèvres du poète qui le renouvelle avec ses vers ? 

Ou faut-il simplement lire ici que les airs fredonnés par le poète/personnage se meurent sur ses lèvres lorsqu’il embrasse la jeune femme, comme peuvent le laisser penser les points de suspension ?

Quoi qu’il en soit, le lyrisme est ici plus sensuel et consommé qu’éloquent et réservé. Ainsi, Rimbaud propose une expérience plus réaliste et universelle au lecteur que le lyrisme traditionnellement employé en poésie.

Roman analyse linéaire : Fin de l’aventure amoureuse

Strophe 7

La dernière partie du poème s’ouvre sur une phrase simple, un constat : « Vous êtes amoureux ». Ce « vous » représente aussi bien le poète que le lecteur qui peut lui-même ressentir ce sentiment de coup de foudre. 

L’anaphore qui répète cette phrase au début du vers suivant accentue la sentence : on n’échappe pas au coup de foudre. 

D’ailleurs, le poète garde une certaine distance par rapport au sentiment amoureux. Il sait très bien, et l’affirme, qu’un amour d’été n’est pas supposé durer toujours : « Loué jusqu’au mois d’aout ». 

Ainsi, Rimbaud désacralise l’amour lyrique pour parler de l’amour de jeunesse par lequel tout le monde passe. 

Le poète nous raconte, en trois vers, l’ensemble de sa relation. Pour insister sur la fulgurance de cet amour passager, il utilise l’asyndète et enchaîne les propositions sans mots de liaison.

« Vous êtes amoureux. – Vos sonnets la font rire. / Tous vos amis s’en vont, vous êtes mauvais goût. » On voit ici qu’en deux alexandrins, Rimbaud parvient à dire beaucoup sans s’épancher.

En se donnant corps et âme à cette relation passagère, l’on risque de perdre ses amis : « tous vos amis s’en vont, vous êtes mauvais goût ». 

Mais le poète s’en moque, il ne pense qu’à la femme : « – L’adorée a daigné vous écrire !… »

La périphrase montre que malgré la distance qu’il prend a posteriori par rapport à cet amour de jeunesse, il reconnaît l’importance qu’il revêt sur le moment. 

Rimbaud place donc la femme, sur le modèle de l’amour courtois, sur un piédestal. D’ailleurs, l’utilisation du verbe « daigner » renforce l’image de supériorité de la femme sur l’homme qui doit la courtiser.

Et de nouveau, à la fin de cette strophe, les points de suspension laissent au lecteur le soin de terminer l’histoire selon son expérience et son imagination.

Strophe 8

La dernière strophe voit l’histoire d’amour se mourir dès le début du premier vers avec encore des points de suspension : « Ce soir-là…, – vous rentrez aux cafés éclatants »

On comprend que la fugue du poète est terminée car il se tourne vers ce qu’il critiquait au début du poème. Peut-être a-t-il été déçu de la tournure prise par la relation : les points de suspension laissent l’interprêtation libre.

L’effet cyclique se confirme par la quasi répétition : « vous demandez des bocks ou de la limonade » qui reprend « foin des bocks et de la limonade ».

« Ce soir-là » permet également le retour au « beau soir » mentionné au deuxième vers.

Ce retour vers la ville et ses cafés suggère un retour vers les amis perdus. La relation entamée à la campagne avec la demoiselle est terminée et le poète retourne s’encanailler avec ses amis. 

Le retour du premier vers à la fin du poème rappelle que ce genre de relation éphémère est monnaie courante pour le poète comme elle a pu l’être par le passé pour le lecteur. 

Rimbaud refuse toujours cette idéalisation de l’amour et du lyrisme, à quoi il préfère la spontanéité et la simplicité de la jeunesse. 

Le dernier vers reprend la référence aux « tilleuls verts », peut-être une image de la jeunesse dont le vert est la couleur (jeunes pousses, fruits pas murs …)

Donc Rimbaud, ne cherche pas à faire ressentir sa tristesse après la séparation, au contraire, il insiste sur le potentiel retour et le caractère répétitif de ces amours de jeunesse. 

Ce faisant, il désacralise l’amour, et affirme la nécessité pour les jeunes de vivre librement et simplement, loin des conventions bourgeoises qu’il exècre.

Conclusion de l’analyse linéaire du poème « Roman » d’Arthur Rimbaud

Rappel du développement

Le poème “Roman” d’Arthur Rimbaud possède une structure en quatre parties régulières. Chaque partie permet d’aborder un thème traditionnel du lyrisme : la nature, le sentiment amoureux, la séduction de la femme, la séparation.

Cependant, à la lecture du poème, on constate que ces thèmes sont traités de manière légère et originale, tant au niveau de la forme que du propos. Ainsi, Rimbaud invite à une réinvention du lyrisme amoureux.

Réponse à la problématique 

On se posait la question suivante : comment Rimbaud se joue-t-il ironiquement des codes du lyrisme traditionnel afin de l’amener vers la modernité poétique ?

On peut d’abord dire que l’on retrouve visuellement et thématiquement le lyrisme traditionnel : les quatrains d’alexandrins, les thèmes classiques.

Cependant, manque d’abord le « Je » lyrique qui s’épanche et aime avec force épithètes et périphrases.

À la place une expérience universelle et simple d’amour de jeunesse, et une audace formelle tenant au rythme déconstruit de l’alexandrin. 

Enfin, l’amour est finalement peu dit dans le poème, laissant une place prépondérante à l’imagination du lecteur, grâce aux nombreux vers clôturés par des points de suspension.

Ouverture

Dans ce poème, Rimbaud mêle subtilement plusieurs thèmes, la jeunesse et la fête, que l’on peut lire par exemple dans « Au Cabaret Vert, cinq heures du soir », la séduction que l’on retrouve dans « À la musique » et la liberté et l’harmonie avec la nature, thèmes majeurs dans « Sensation » ou « Ma bohème »

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