Vous préparez l’oral du bac de français ? Vous avez travaillé sur Olympe de Gouges et vous voulez compléter vos cours ? Alors cette analyse linéaire du préambule de la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne, est pour vous !

Passage incontournable du texte, il permet d’affirmer la thèse de l’auteur, et de présenter ses arguments.

L’analyse présentée ici propose un cadre que vous pouvez suivre et reproduire lors de l’épreuve anticipée de français. Vous pouvez bien entendu modifier la problématique, ou certaines analyses à votre convenance.

Avant de commencer à lire cette analyse, n’hésitez pas à vous reporter à mon article “comment analyser un texte en français” et à ma “méthode de l’explication linéaire” pour mieux comprendre ma démarche.

Introduction de l’analyse linéaire du préambule de la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne

Présentation de l’auteur et de l’oeuvre

Préambule de la déclaration des droits de la femme et de la citoyenne : Analyse linéaire

Olympe de Gouges, née Marie Gouze en 1748, est une femme de lettres et militante politique féministe majeure du XVIIIe siècle.

D’abord mariée à un homme qu’elle n’aime pas et qui lui donne un fils, elle fuit à Paris vers 1770. C’est là qu’elle commence une nouvelle vie libre (elle fréquente des hommes, mais ne se remarie jamais) marquée par son fort engagement politique.

Elle meurt guillotinée sous la Terreur, à cause de son opposition à Robespierre et de sa prise de position contre l’exécution du roi Louis XVI.

Elle Lutte contre l’esclavage, pour les droits des femmes, pour une réforme du mariage, pour les droits des enfants illégitimes, pour une révolution non-violente et contre la peine de mort.

Cet engagement politique diversifié nous permet de la rattacher au mouvement littéraire des lumières.

Pourtant, malgré une érudition indéniable, on dit qu’elle ne savait pas écrire et dictait ses textes, ce qui peut expliquer la dimension orale, rhétorique et discursive de sa Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne.

Rédigée en 1791, en réponse à la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, longtemps oubliée, et republiée dans son intégralité en 1986, la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne est un texte pionnier du féminisme français.

Plus qu’un simple essai, il s’agit d’un projet de loi abordant différents thèmes, comme l’égalité homme-femme, mais également l’institution du mariage et le droit des enfants illégitimes, ou encore la religion.

Pour en savoir un peu plus sur Olympe de Gouges, n’hésitez pas à consulter cet article biographique.

Situation du passage :

Situé après l’adresse à la reine et l’apostrophe aux hommes, le préambule est un petit texte permettant d’introduire les 17 articles de la déclaration des droits de la femme et de la citoyenne. Olympe de Gouges y présente sa thèse principale, ainsi que des arguments forts pour l’égalité politique des hommes et des femmes.

Problématique :

Comment ce préambule permet-il à Olympe de Gouges d’introduire les articles de sa Déclaration et d’insister sur leur nécessité ?

Plan :

Pour mener cette analyse linéaire du préambule de la Déclaration de la femme et de la citoyenne, nous suivrons les mouvements du texte. D’abord la thèse du texte du début du passage à “Assemblée nationale.” Ensuite, les arguments de l’auteur de  de “Considérant” à “bonheur de tous.” Enfin, l’introduction des articles de la déclaration de “En conséquence” à la fin de du passage.

Texte du préambule de la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne pour l’analyse linéaire

Les mères, les filles, les sœurs, représentantes de la nation, demandent d’être constituées en Assemblée nationale.

Considérant que l’ignorance, l’oubli ou le mépris des droits de la femme, sont les seules causes des malheurs publics et de la corruption des gouvernements, ont résolu d’exposer dans une déclaration solennelle, les droits naturels inaliénables et sacrés de la femme, afin que cette déclaration, constamment présente à tous les membres du corps social, leur rappelle sans cesse leurs droits et leurs devoirs, afin que les actes du pouvoir des femmes, et ceux du pouvoir des hommes, pouvant être à chaque instant comparés avec le but de toute institution politique, en soient plus respectés, afin que les réclamations des citoyennes, fondées désormais sur des principes simples et incontestables, tournent toujours au maintien de la Constitution, des bonnes mœurs, et au bonheur de tous.

En conséquence, le sexe supérieur, en beauté comme en courage, dans les souffrances maternelles, reconnaît et déclare, en présence et sous les auspices de l’Être suprême, les Droits suivants de la Femme et de la Citoyenne.

Préambule de la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne : analyse linéaire

I. La thèse du texte

1)

D’emblée, le préambule de la DDFC (déclaration des droits de la femme et de la citoyenne) mentionne l’ensemble des femmes par une énumération tripartite l.1 « Les mères, les filles, les sœurs » à laquelle ODG (Olympe de Gouges) adjoint l’apposition « représentantes de la nation ».

Elle montre ici clairement sa volonté de représenter chaque femme, et de parler en leur nom à toutes. Enfin, l’utilisation d’une énumération en 3 temps montre qu’il s’agit bien d’un texte rhétorique, où le discours cherche à marquer les esprits.

2)

Il est intéressant de noter ici que la femme est représentée par rapport à l’homme, et au sein de la famille, par les noms « mères, filles, sœurs ». Ainsi, Olympe de Gouges vise l’unité et ne rejette pas l’homme. Elle tend à intégrer la femme dans la société politique plutôt que d’en exclure l’homme.

3)

C’est par le terme de « nation » (l.1) que le texte passe de la sphère familiale à la sphère politique, passage souhaité pour les femmes par Olympe de Gouges.

4)

C’est ensuite par un verbe conjugué au présent « demandent » (l.2) qu’Olympe de Gouges va formuler sa thèse : les femmes doivent avoir une place égale aux hommes en politiqueL’utilisation du présent souligne l’urgence d’action

5)

Enfin, cette demande de constituer les femmes en “Assemblée nationale” (l.2) reprend la constitution de l’assemblée nationale après l’échec des états généraux de 1789. On voit donc bien qu’elle souhaite s’inscrire dans le mouvement révolutionnaire pour l’étendre aux femmes, qu’il a ignoré.

II. Les arguments de l’auteur

1)

Dans le deuxième paragraphe, Olympe de Gouges cherche à convaincre, par des arguments clairement exposés, de la nécessité d’intégrer les femmes en politique.

Pour cela, elle utilise de nombreux connecteurs logiques qui renforcent le sérieux et la solidité de son discours : « considérant que » (l.3) ; « afin que » (l.5,7,9).

2)

Elle réutilise la construction tripartite, cette fois sous la forme d’une gradation : « l’ignorance, l’oubli ou le mépris des droits de la femme, sont les seules causes des malheurs publics et de la corruption des gouvernements » (l.3) pour affirmer que la société paye cher le fait de nier à la femme ses droits naturels.

En effet, en ne connaissant pas, en oubliant, ou pire en refusant volontairement (gradation) les droits des femmes, les sociétés nuisent à leur fonctionnement.

3)

C’est face à ce constat qu’ODG propose d’introduire son texte de loi : « ont résolu d’exposer une déclaration solennelle » (l.4).

4)

Elle exprime, sous la forme d’une énumération tripartite d’adjectifs épithètes « les droits naturels, inaliénables et sacrés de la femme » (l.5) l’idée que l’égalité entre l’homme et la femme est naturelle et voulue par Dieu.

Ainsi, elle pose le fait que le refus de ces droits va à l’encontre des lois naturelles et divines. Ici, l’utilisation d’une énumération en 3 temps est intéressante, puisqu’elle peut rappeler le rythme ternaire de la sainte trinité (le père, le fils et le saint esprit), et donc donner une dimension divine au propos.

5)

La déclaration d’ODG a pour but de « constamment » (l.6) rappeler l’importance de l’égalité de droits des hommes et des femmes. 

L’adverbe complément circonstanciel de temps « constamment », repris par les CCT « sans cesse » (l.6) et « à chaque instant » (l.8) souligne la nécessité d’un combat de tous les instants pour inscrire cette égalité dans les habitudes d’une société.

6)

L’utilisation de la métaphore médicale des « membres du corps social » (l.6) est également intéressante puisqu’elle souligne l’absurdité pour un corps d’opprimer l’un de ses membres. Aussi, la nation doit-elle travailler de concert pour se mouvoir et avancer correctement.

7)

Cette égalité apparait dans les paroles d’ODG sous la forme d’un parallélisme : « les actes du pouvoir des femmes, et ceux du pouvoir des hommes » (l.7) qui permet de les placer sur un pied d’égalité jusque dans la structure du texte.

8)

Enfin, ODG finit par affirmer que les « réclamations des citoyennes » (l.9) seront toujours dirigées vers le « maintien de la Constitution, des bonnes mœurs, et au bonheur de tous » (l.10).

On constate, avec cette nouvelle énumération tripartite, qu’ODG veut rassurer les hommes. Les femmes ne cherchent pas à prendre le pouvoir pour leur intérêt propre, mais dans l’intérêt commun, celui d’abord de la constitution, puis du bonheur général. 

9)

On peut parler d’une hyperbole pour ce dernier objectif, car « le bonheur de tous » se rapprocherait d’un paradis sur terre.

III. L’introduction des articles de la déclaration

1)

Cette dernière partie est de nouveau introduite par un connecteur logique : « En conséquence » (l. 12) qui permet de souligner le fait que l’auteur s’appuie sur les arguments précédemment cités pour proposer ses articles. Son discours est construit avec méthode.

2)

La périphrase suivante « le sexe supérieur en beauté comme en courage, dans les souffrance maternelle » est intéressante puisqu’elle prend le contrepied de l’idée dominante de l’époque, celle que les hommes sont supérieurs à la femme.

Ce qui peut davantage surprendre un lecteur contemporain, c’est que les caractéristiques qui permettent à ODG de placer la femme au-dessus de l’homme sont la beauté et la maternité. Cela montre bien qu’elle est encore marquée par l’image réductrice de la femme de son époque (belle, et qui fait des enfants).

3)

Cette périphrase est utilisée comme sujet des verbes « reconnaît et déclare » (l.13) pour donner la parole à toutes les femmes. Ici, ODG s’efface, ce n’est plus elle qui parle, mais l’ensemble du sexe féminin, soit toutes les femmes de la société dont elle n’est plus que le porte-voix.

4)

L’introduction des articles de la déclaration se fait « sous les auspices de l’Être suprême » (l.13). C’est donc dans le respect, et avec le soutien de Dieu qu’elle veut donner à la femme une place égalitaire avec l’homme.

En mentionnant Dieu dans cette dernière phrase, elle gomme son image subversive, et inscrit sa démarche dans le respect des bonnes mœurs.

5)

On peut finir en remarquant que certains noms communs prennent une majuscule dans le texte d’ODG pour souligner leur importance à ses yeux. « Être » qui désigne Dieu, mais également « Droits » ; « Femme » ; « Citoyenne » et plus tôt dans le texte « Assemblée » et « Constitution ».

6)

Ainsi, ODG montre bien dans l’ensemble de ce préambule que sa déclaration œuvre avant tout pour la révolution, pour une société saine, qu’elle place la politique et le divin avant l’intérêt personnel des femmes.

Conclusion de l’analyse linéaire du préambule de la Déclaration de la femme et de la citoyenne

Rappel du développement 

Ce passage condense le propos du reste du texte. Olympe de Gouges y formule clairement sa thèse : les femmes doivent accéder au pouvoir politique comme les hommes.

Elle donne ensuite plusieurs arguments, notamment l’idée que l’inégalité des sexes est contre-nature, et responsable de tous les troubles de la société. Enfin, elle porte la voix de chaque femme pour présenter les articles de lois qu’elle propose.

Réponse à la problématique

Ce texte est d’une impressionnante efficacité polémique. En peu de mots, et avec une oralité toujours maîtrisée, Olympe de Gouge parvient à convaincre de la nécessité de son projet de loi.

D’abord en dressant le constat d’une société malade, puis en offrant des solutions concrètes. Elle parvient toujours à rester éloquente tout en se défendant d’une image trop subversive qui lui nuirait.

Ouverture

Ce texte marquant ouvre la voie à de nombreux essais, pamphlets ou discours politiques marquants portés par des femmes. On peut penser par exemple au discours de Simone Veil pour la dépénalisation de l’IVG, ou plus récemment à celui de Christiane Taubira en faveur du mariage pour tous.

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