Bienvenue dans cette analyse linéaire du poème « Le Mal » d’Arthur Rimbaud.

Ce sonnet sombre et polémique cristallise la critique Rimbaldienne de la guerre, du pouvoir et de Dieu.

Dans cet article, je vous offre une analyse linéaire complète et détaillée du poème pour vous aider à bien vous préparer.

L’analyse présentée ici propose un cadre que vous pouvez suivre et reproduire lors de l’épreuve anticipée de français. Vous pouvez bien entendu modifier la problématique, ou certaines analyses à votre convenance.

Avant de commencer à lire cette analyse, n’hésitez pas à vous reporter à mon article “comment analyser un texte en français”, à ma “méthode de l’explication linéaire” ainsi qu’à mon article sur le vocabulaire de la poésie pour mieux comprendre ma démarche.

Introduction de l’analyse linéaire du poème « Le Mal » des Cahiers de Douai

Phrase d’accroche

Le Mal d'Arthur Rimbaud : Analyse Linéaire (Bac 2024)

En 1870, une guerre éclair contre la Prusse secoue la France. Ce conflit sanglant conduit le second empire à son terme après la célèbre défaite de Sedan.

La même année, le jeune poète Arthur Rimbaud, tout juste âgé de 16 ans, fugue pour la première fois de chez lui.

Fervent opposant à Napoléon III, il est choqué par les terribles nouvelles qu’on rapporte du front. Pour lui, cette guerre est inhumaine, abjecte et insensée.

Présentation de l’auteur

Or, ce n’est qu’une partie des révoltes qui couvent chez Arthur Rimbaud à cette époque.

Le jeune homme rêve de liberté : il veut renouveler la poésie, le langage, il refuse la guerre, le consensus religieux aveugle autour de l’Église catholique Ainsi que la médiocrité de la petite bourgeoisie de campagne qu’il connait à Charleville-Mézières, sa ville de naissance.

Aussi, l’histoire d’Arthur Rimbaud est-elle celle d’une fulgurance, d’un cri de révolte, et d’une fuite constante. 

Enfant sage, bon élève, il brille principalement dans les disciplines littéraires. C’est sa rencontre avec le professeur Georges Izambard qui va le pousser à s’intéresser à la littérature en tant qu’artiste.

Commence une quête de liberté pour le jeune Rimbaud. Quête qui s’exprime par des fugues répétées, et par une volonté de révolutionner le langage poétique

Finalement, après des années chaotiques passées aux côtés de Paul Verlaine, à écrire et à vivre follement, Arthur Rimbaud décide d’arrêter définitivement la poésie

L’auteur des Illuminations choisit de voyager et de vivre du commerce – et même du trafic d’armes – avant de mourir, quelques années plus tard, d’une tumeur au genou. 

Biographie complète d’Arthur Rimbaud ici.

Présentation de l’oeuvre

Le poème « Le Mal » se trouve dans la première partie du premier recueil d’Arthur Rimbaud : Cahier de douai. Ce recueil dont Rimbaud écrit les poèmes à l’occasion de ses fugues en 1870 ne sera publié qu’après sa mort, en 1919.

Présentation du poème

Dans « Le Mal » Arthur Rimbaud dresse une triple critique.

Le Mal du titre, c’est d’abord la guerre, puis le Roi, et enfin Dieu, chacun portant la responsabilité du mal précédent.

Pourtant, au milieu du sonnet, Rimbaud propose une porte de sortie, un message d’espoir : la Nature est pour lui un dieu paisible. Dénaturer, c’est corrompre, et s’exposer au mal.

Ce sonnet brutal, cynique et irrévérencieux illustre parfaitement la révolte d’un adolescent refusant de se laisser enfermer dans la folie d’une société guerrière.

Problématique

Pour guider notre explication du poème, nous nous demanderons par quels moyens Rimbaud dénonce la guerre et la religion dans ce sonnet.

Plan

Pour mener cette analyse linéaire du poème « Le Mal » d’Arthur Rimbaud, nous suivrons le mouvement du texte qui dépasse le simple découpage des strophes. 

La premier mouvement, du vers 1 au vers 6 est une représentation picturale de l’horreur du combat. Le second mouvement, aux vers 7 et 8 introduit le thème de la Nature. Le premier tercet est consacré à la critique de Dieu et le dernier tercet donne à voir la misère et la tristesse du peuple.

Poème « Le Mal » : Texte pour l’analyse linéaire

Le Mal

Tandis que les crachats rouges de la mitraille
Sifflent tout le jour par l’infini du ciel bleu ;
Qu’écarlates ou verts, près du Roi qui les raille,
Croulent les bataillons en masse dans le feu ;

Tandis qu’une folie épouvantable broie
Et fait de cent milliers d’hommes un tas fumant ;
– Pauvres morts ! dans l’été, dans l’herbe, dans ta joie,
Nature ! ô toi qui fis ces hommes saintement !… –

Il est un Dieu qui rit aux nappes damassées
Des autels, à l’encens, aux grands calices d’or ;
Qui dans le bercement des hosannah s’endort,

Et se réveille, quand des mères, ramassées
Dans l’angoisse, et pleurant sous leur vieux bonnet noir,
Lui donnent un gros sou lié dans leur mouchoir !

« Le Mal » d’Arthur Rimbaud : Analyse linéaire

Le Mal analyse linéaire : l’horreur du combat 

Strophe 1

Le poème s’ouvre mystérieusement sur une proposition subordonnée conjonctive circonstancielle de temps introduite par “Tandis que”. Le verbe principal de la phrase ne sera révélé qu’à la troisième strophe.

Le poète veut, alors qu’il s’apprête à décrire les horreurs de la guerre, que le lecteur se souvienne qu’il se passe quelque chose pendant les affrontement. (Voir premier tercet : la critique de Dieu qui rit et dort)

Le premier vers plonge le lecteur dans un univers de violence et de sang. En effet, la métaphore des “crachats rouges de la mitraille” peut évoquer le sang craché par les soldats à l’agonie.

L’emploie du nom “crachat”, vulgaire et aux sonorités dures, dévalorise la guerre. La violence n’est pas idéalisée.

Ce premier vers laisse également entendre une allitération en -r qui fait entendre le chaos régnant sur le champs de bataille.

L’enjambement du vers 1 au vers 2 renvoie le verbe de la phrase “sifflent” au début du vers suivant et créé un sentiment d’instabilité. Aussi, le lecteur peut avoir l’impression d’entendre soudainement la mitraille lui siffler à l’oreille.

Au niveau des sonorités, on retrouve à deux reprises le -f (sifflent ; infini) qui imite le bruit des balles frôlant les soldats. Le lecteur se retrouve donc immergé dans l’horreur du combat.

Rimbaud insiste sur le fait que les soldats n’ont aucun repos. Il utilise l’hyperbole “tout le jour” pour montrer que le combat ne faiblit à aucun moment.

Pourtant, une couleur douce et rassurante subsiste, il s’agit de “l’infini du ciel bleu”. Ici, le poète prépare son évocation de la Nature divine et salvatrice.

Cependant, l’apaisement du bleu n’est que de courte durée puisque le rouge revient, encore plus intense, au vers 3 avec l’adjectif “écarlates”. On comprend que la guerre efface la nature.

Au niveau des couleurs, le rouge est omniprésent : “rouges” ; “écarlates” ; “feu”. Il illustre la violence, le sang et le mal en général.

On note également la présence du vert avec l’adjectif “verts”. Il fait référence à la couleur de l’uniforme des soldats prussiens (les français sont en rouge). Rimbaud déplore les pertes inutiles dans les deux camps.

Cette première strophe revêt donc un caractère profondément pictural. Rimbaud nous montre une scène de combat de loin en insistant sur les couleurs : on ne distingue que le rouge du sang, les uniformes des soldats, et le ciel bleu au-dessus.

Notons également que l’intensité du tableau est renforcée par le champ lexical de la guerre : “crachats rouges ” ; “mitraille” ; “sifflent” ; “Roi” ; “bataillons” ; “feu”.

Au niveau des sonorités, on remarque que la liaison du -s vers le -o et l’ordre de présentation des couleurs “écarlates ou verts” laisse entendre écarlates ouverts. On peut imaginer que le poète a voulu ici suggérer encore une fois la violence des combats.

Plus généralement sur le vers 3, c’est l’allitération en -r qui fait son retour et renforce la violence un temps oubliée grâce au “ciel bleu”.

La figure du “Roi” est vivement critiquée. Cette autorité représente en fait l’empereur Napoléon III, et plus généralement, toute figure de tyran.

On voit qu’il ne se soucie pas des pertes humaines, au contraire il “raille” les soldats. Cela montre bien l’aversion de Rimbaud pour la guerre et les hommes au pouvoir qu’il tient pour responsables.

Si le roi est mentionné de manière individuelle, ce n’est pas le cas des soldats qui sont déshumanisés par leur nombre : ils sont des “bataillons”, “une masse” puis “cent milliers d’hommes” et enfin un “tas fumant”.

Il est clair ici que le poète souligne le désintérêt du Roi pour ses soldats. Ils ne sont qu’un contingent informe, sacrifiable et remplaçable.

D’ailleurs, la métaphore filée du bucher, ou du brasier (“dans le feu” puis “tas fumant”) suggère que les soldats ne tombent “en masse” que pour alimenter un chaos de plus en plus grand et de plus en plus dévorant. Ici, il ne semble pas y avoir de vainqueur.

Les vers 3 et 4 laissent entendre une assonance en -a qui peut justement évoquer les cris d’agonie des soldats sacrifiés.

Strophe 2

Le début du deuxième quatrain réitère et poursuit la subordonnée de temps introduite par “Tandis que”. Le poète n’a pas terminé de peindre le chaos. Il allonge sa phrase sans utiliser de ponctuation forte comme pour symboliser la lutte qui s’éternise.

Ainsi, le combat déborde dans la seconde strophe, comme s’il était impossible de le contenir en seulement 4 vers.

Le groupe nominal “une folie épouvantable” peut désigner métaphoriquement la guerre, voire la folie du roi qui mène son pays à la boucherie.

La force de l’adjectif “épouvantable” laisse transparaître la position du poète qui se révèle profondément choqué par l’horreur de la guerre.

L’horreur est renforcée par l’utilisation du verbe broyer à la fin du vers 5.

Le tableau de la guerre se clôt par la mort des soldats, la transformation de “cent milliers d’hommes” (hyperbole) en “un tas fumant”.

L’emploi du verbe “faire” montre que la guerre possède un pouvoir de transformation, qui s’apparente en fait plus à défaire qu’à réellement faire.

Enfin, le “tas fumant” parachève de déshumaniser et dévaloriser les soldats qui ne sont plus qu’un amas de chair meurtrie. L’adjectif “fumant” peut faire penser à un tas de fumier, ultime dévalorisation qui insiste sur la manière dont le roi voit son peuple.

Heureusement, après avoir exposé au lecteur le tableau terrible d’une guerre sale, Rimbaud ouvre une fenêtre d’espoir lyrique, l’espace de seulement deux vers, qui s’incarne sous les traits de la Nature.

Le Mal analyse linéaire : le thème de la Nature

Le tiret au début du vers indique le poète prend directement la parole. Submergé par l’horreur, il sombre dans le registre pathétique et le lyrisme.

La ponctuation expressive (3 points d’exclamation et les points de suspension) tranche avec le regard extérieur qui était proposé dans les 6 premiers vers. Ici, le poète s’implique, révèle ses sentiments.

Le groupe nominal “pauvre morts” montre pour la première fois une véritable plainte, comme si le poète était le seul à se préoccuper du sort des soldats.

Alors, il en appelle à la nature, seule échappatoire. D’abord, la triade (énumération en 3 partie) “dans l’été, dans l’herbe, dans ta joie” crée un effet d’opposition avec l’atmosphère du début du poème.

On trouve des couleurs plus douces, le vert de l’herbe et le jaune du soleil de l’été, ainsi que le nom “joie” qui tranche avec l’adjectif “pauvres”. Ces deux mots, placés respectivement au début et à la fin du vers, amènent un effet d’antithèse, comme si la nature avait le pouvoir de soigner la peine du poète.

L’apostrophe lyrique “Nature ! ô toi qui fis ces hommes saintement ! …” présente un tutoiement intéressant. On voit que le poète se sent proche de la nature et qu’il y trouve un refuge.

Pour lui, la nature est une figure divine, en témoigne l’adverbe de manière “saintement” : la nature a créé des hommes bons qui ont été pervertis par le roi et la guerre.

Notons que c’est la deuxième occurence du verbe faire, mais cette fois-ci au passé simple (“fis”). L’action créatrice de la nature est antérieure au combat, et son oeuvre pure est salie par la guerre qui “fait de cent milliers d’hommes un tas fumant”.

La Nature personnifiée par la majuscule et l’apostrophe s’apparente à une figure contrebalançant le Mal incarné dans le premier quatrain par le Roi.

L’ambiance de ces deux vers est également en complète opposition avec le chaos qui règne dans les 6 premiers vers.

Même si la guerre occupe plus de place et que le poème est déséquilibré, la Nature semble bien constituer une divinité capable de sauver les hommes du mal.

Pourtant, nous allons voir que ce n’est pas cette divinité qui est choisie par les hommes, au grand dam du poète.

Le Mal analyse linéaire : la critique de Dieu

Strophe 3

Le premier vers du premier tercet amène enfin le verbe principal de la longue phrase parcourant l’ensemble du sonnet : “Il est un Dieu”.

C’est donc là que Rimbaud voulait emmener son lecteur. Pendant tout le combat, “un Dieu” observe, sans intervenir.

L’utilisation du déterminant indéfini “un” avant “Dieu” est rare et souligne une distance volontaire, un scepticisme assumé par le poète.

Pendant la guerre, donc, le Dieu “rit”. Ce rire est un échos au roi qui “raille” dans la première strophe. Les deux figures sont donc rapprochées : elles se moquent des soldats qui meurent.

Rimbaud souligne à deux reprises que Dieu n’est pas préoccupé par la guerre. D’abord, il “rit”, ensuite il “s’endort”, “dans le bercement des hosannas”. Ainsi, il peut faire penser à une figure d’enfant capricieux qui ne fait que rire et dormir.

Pourtant, il vit dans le luxe, au milieu de l’argent récolté par l’Église pour l’honorer : “nappes damassées” ; “autels” ; “encens” ; “grands calices d’or”. Ce lexique liturgique insiste sur le faste de l’Église et prépare une opposition avec la misère du peuple.

Remarquons également la différence d’ambiance entre cette strophe et le combat du début du sonnet. Les sonorités se veulent plus douces (allitération en -s), et même l’odeur est plus agréable grâce à “l’encens” qui remplace le “tas fumant”.

Enfin, les “hosannas”, qui sont des chants joyeux et triomphants tranchent avec le sentiment de défaite de la première strophe.

Le Mal analyse linéaire : la misère et la peine du peuple

Strophe 4

La conjonction de coordination “et” donne une dernière impulsion à l’immense phrase de ce poème : Dieu “se réveille”.

Hélas, le complément circonstanciel de temps introduit par “quand” montre qu’il n’est intéressé que par l’argent car il ne se réveille qu’au son des dons des fidèles.

Le lexique pathétique (“ramassées” ; “angoisse” ; “pleurant” ; “vieux bonnet noir” ; “mouchoir”) de la dernière strophe représente les mères des soldats comme de pauvres êtres offrant tout ce qu’elles ont à Dieu.

Déjà très pauvres, comme le montre l’adjectif “vieux” qui qualifie le “bonnet noir” (couleur du deuil), elles offrent tout ce qui leur reste à Dieu : “Lui donnent un gros sou”.

Arthur Rimbaud veut ici faire réfléchir le peuple à sa foi aveugle qui ne fait qu’enrichir l’Église.

On peut sentir, une dernière fois, la révolte du poète dans le point d’exclamation qui clôt le sonnet. On voit qu’il supporte mal de voir les miséreux s’appauvrir pour alimenter le faste de l’Église.

Les deux tercets sont construits en complète opposition : d’une part le luxe, la joie et la tranquillité de l’Église et de Dieu, d’autre part la misère et la tristesse du peuple à la fin du poème.

Rimbaud insiste sur la cupidité de l’Église. Pour lui, Dieu n’aide pas les hommes, il ne s’intéresse qu’à leur argent et leur vénération.

Conclusion de l’analyse linéaire du poème « Le Mal » d’Arthur Rimbaud

Rappel du développement

Nous avons pu voir que ce sonnet propose d’abord une peinture atroce d’une bataille sanglante dominée par un roi fou. Il suggère ensuite une échappatoire grâce à la nature, seule véritable divinité aux yeux du poète.

Finalement, le sonnet ramène bien vite le lecteur au luxe déplacé de l’Église pour critiquer Dieu qui tolère toutes les horreurs auxquelles sont soumis les hommes et s’amuse de leur vénération.

Réponse à la problématique 

Ainsi, le Mal dont veut parler Rimbaud est pluriel. Il s’agit d’abord du mal que représentent les tyrans qui sacrifient les hommes à leurs ambitions. Il s’agit également du mal que représente Dieu et l’Église qui se jouent du peuple pour s’enrichir.

On peut donc dire que Rimbaud dénonce la guerre en peignant au lecteur les conséquences horribles des combats. Ensuite, il critique la religion en faisant de Dieu un personnage cupide qui ne se préoccupe pas de hommes.

Enfin, c’est par des jeux d’opposition, comme celui du chaos du combat et du calme de Dieu, ou celui de la misère du peuple et du faste de l’Église, que Rimbaud souhaite faire réagir son lecteur.

Ouverture

On peut affirmer du poème Le Mal d’Arthur Rimbaud qu’il s’agit d’un poème polémique, argumentatif et engagé. La révolte qui gronde chez le jeune poète s’exprime également dans d’autres poèmes comme Morts de Quatre-vingt-douze et de Quatre-vingt-treize ou L’éclatante victoire de Sarrebrück.

Prolongements sur l’analyse linéaire du poème « Le Mal » d’Arthur Rimbaud

Vous trouverez ici une liste des 25 figures de style à connaître pour le Bac. Pour ficher efficacement votre explication : https://la-classe-du-litteraire.com/comment-ficher-une-explication-lineaire/ et enfin, les erreurs à éviter à l’oral du Bac : https://la-classe-du-litteraire.com/bien-reussir-son-explication-lineaire/

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